Prairies naturelles du Massif central

Crédit photo : PNR Aubrac

De quoi parle-t-on exactement ?

Avec 80% de surface agricole toujours en herbe, le Massif central offre une grande diversité d’espaces de pâturages. Il s’agit de prairies permanentes, d’estives, de landes, de parcours, etc. Ces différents espaces sont aussi appelés : les Milieux Ouverts Herbacés. Ils constituent des ressources alimentaires diversifiées pour nourrir les troupeaux. Ils sont le résultat du travail de plusieurs générations d’éleveurs du Massif central. 

Quelques définitions…

Dans le cadre des aides agricoles, on distingue les prairies temporaires des prairies permanentes.

On parle de prairies naturelles ou de prairies à flore diversifiée pour qualifier des agro-système herbacés pérennes dont la flore est spontanée et diversifiée, composées d’espèces herbacées sauvages (non sélectionnées). Ce sont des prairies qui n’ont été ni semées ni retournées depuis au moins 10 ans. L’activité humaine maintient ces prairies en l’état, grâce à la fauche ou au pâturage.  

Les prairies permanentes désignent des prairies pérennes. Au sens de la PAC, il s’agit de « toute surface de production d’herbe, qui n’a pas été retournée depuis environ 5 ans » (sixième déclaration PAC ou plus). Cette définition englobe donc les prairies artificielles semées il y a plus de 5 ans, avec généralement une flore très peu diversifiée dominée par les espèces semées ; et les prairies dites « naturelles ». A la différence des prairies temporaires, elles n’entrent pas dans le système de rotation des cultures. 

Les prairies temporaires sont des prairies semées, composées de quelques espèces fourragères très productives sélectionnées par les acteurs de la recherche végétale. Elles rentrent dans le système de rotation de cultures et sont retournées tous les 5 ans. Elles sont assimilées une culture d’herbe et sont fauchées et/ou pâturées. Elles peuvent être monospécifique (1 espèce) ou associer plusieurs espèces dans un mélange. Dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), ces prairies sont dites temporaires jusqu’à leur sixième année d’exploitation. 

Les prairies naturelles sont nombreuses et variées, il en existe 4 grands types :

La prairie de fauche

Ce sont les prairies destinées à produire du foin. Elles peuvent aussi être pâturées après la première coupe, en été. Elles se distinguent des prairies pâturées par un cortège d’espèces adaptées à la fauche. 

La prairie pâturée

Ce sont les prairies exclusivement pâturées, ou pâturées une grande partie de l’année, puis fauchées. Elles se différencient des prairies de fauche par les espèces végétales qui les composent. L’intensité de la fertilisation, la durée de pâturage, le chargement des parcelles en bétail, ainsi que la date d’entrée des animaux dans les pâtures influencent fortement la composition floristique des prairies pâturées. 

Les pelouses sèches et parcours

Ce sont des prairies rases, dépassant rarement 30 cm de hauteur, sur des sols pauvres en éléments nutritifs et drainants. Seule une flore adaptée à la sécheresse et souvent composée des plantes vivaces basses peut s’y développer. Ces milieux sont, la plupart du temps, utilisés par les animaux du troupeau à plus faibles besoins sous la forme d’estives ou de parcours.  

Les prairies humides

Habituellement inondées ou gorgées d’eau une partie de l’année, les prairies humides se trouvent dans les fonds de vallons. La présence d’eau complique l’utilisation agricole mais ces prairies représentent une grande valeur fonctionnelle et écologique.  

La prairie de fauche

Ce sont les prairies destinées à produire du foin. Elles peuvent aussi être pâturées après la première coupe, en été. Elles se distinguent des prairies pâturées par un cortège d’espèces adaptées à la fauche. 

La prairie pâturée

Ce sont les prairies exclusivement pâturées, ou pâturées une grande partie de l’année, puis fauchées. Elles se différencient des prairies de fauche par les espèces végétales qui les composent. L’intensité de la fertilisation, la durée de pâturage, le chargement des parcelles en bétail, ainsi que la date d’entrée des animaux dans les pâtures influencent fortement la composition floristique des prairies pâturées. 

Les pelouses sèches et parcours

Ce sont des prairies rases, dépassant rarement 30 cm de hauteur, sur des sols pauvres en éléments nutritifs et drainants. Seule une flore adaptée à la sécheresse et souvent composée des plantes vivaces basses peut s’y développer. Ces milieux sont, la plupart du temps, utilisés par les animaux du troupeau à plus faibles besoins sous la forme d’estives ou de parcours.  

Les prairies humides

Habituellement inondées ou gorgées d’eau une partie de l’année, les prairies humides se trouvent dans les fonds de vallons. La présence d’eau complique l’utilisation agricole mais ces prairies représentent une grande valeur fonctionnelle et écologique.  

Les intérêts et atouts

Les prairies naturelles rendent de nombreux services à la société.

Autonomie et résilience des fermes

Ces espaces de pâturage sont une ressource alimentaire indispensable pour les troupeaux. Les prairies permanentes ont une capacité d’adaptation naturelle aux aléas climatiques. Jongler entre spécificité des prairies, taille du troupeau et surface disponible permet aux éleveurs d’être plus autonomes, économes et résilients face à ces changements. Une gestion optimisée du pâturage peut permettre de laisser les animaux 3 à 6 mois de plus en extérieur et ainsi diminuer les charges de l’exploitation (foin, aliment) ainsi que le temps de travail des éleveurs. 

Santé et bien-être animal

Une bonne gestion du pâturage permet aux éleveurs de laisser leurs animaux plus longtemps en extérieur et de leur offrir une alimentation plus variée et équilibrée. En plus d’un espace favorable à leur bien-être, les animaux bénéficient d’une diversité floristique importante pour leur santé. Les animaux ainsi habitués à vivre en extérieur développent une capacité d’automédication et une meilleure résistance aux risques parasitaires. 

Production de qualité

Le pâturage, c’est la garantie d’une agriculture locale et de qualité. La diversité floristique de ces espaces offre des produits typiques du terroir, tels que l’AOP St Nectaire ou le Fin Gras du Mézenc. Par leur diversité, les prairies permanentes sont riches en terpènes, caroténoïdes et acides gras insaturés. Autant de composants bons pour la santé des troupeaux et pour la nôtre, offrant couleurs, saveurs et qualité nutritionnelle à nos produits. 

Biodiversité

Les prairies naturelles abritent une biodiversité très riche. Cette diversité est dépendante du maintien de l’élevage et des pratiques de pâturage. Dans une prairie naturelle, on retrouve jusqu’à 60 espèces floristiques différentes contre moins d’une dizaine dans les prairies temporaires. Elles offrent également le gîte et le couvert à la faune, en particulier les auxiliaires de culture (insectes, oiseaux, chauve-souris) et les pollinisateurs. 
Les prairies naturelles sont également une composante essentielle de la trame verte et assurent les continuités écologiques sur les territoires. 

Paysage

Les prairies naturelles façonnent les paysages qui nous entourent. Ce sont ces paysages qui rendent notre territoire attractif et nous offrent un cadre de vie de qualité. Sans l’activité pastorale, il n’y aurait plus que des espaces embroussaillés et de la forêt. 

Climat

Les forêts n’ont pas le monopole de la captation du carbone. Les prairies naturelles aussi sont un réel atout pour la régulation du climat ! Grâce à la photosynthèse des plantes, le CO2 est capturé dans les feuilles, les tiges, et les racines. Lorsque ces végétaux meurent, ils retournent au sol et sont décomposés par les micro-organismes. C’est cette lente décomposition qui permet le stockage du CO2. Ces prairies naturelles représenteraient 80 tonnes de carbone stockées à l’hectare, la même proportion que les forêts. D’après l’INRA, intervenir sur une prairie naturelle par le labour libère dans l’atmosphère le carbone stocké pendant des années. 

Des milieux en régression

Les prairies naturelles en déclin…

Les prairies permanentes disparaissent à un rythme alarmant : environ 50 000 hectares perdus chaque année depuis 2020. En plus des pertes surfaciques, on observe que l’état de conservation des prairies naturelles se dégrade également.  Des études en attestent, notamment dans le Massif central, où 50 % des prairies sont considérées comme dégradées.  

Pourquoi les pâturages du Massif central sont-ils menacés ?

Les causes du déclin sont multiples :

Des phénomènes de société…

La déprise agricole  

Depuis 50 ans, il y a une baisse du nombre d’exploitation, accélérée par la pénibilité du métier d’éleveur et le faible niveau de revenus… Le phénomène de déprise agricole provoque la perte de terres agricoles, laissant place à des zones d’enfrichement.

Le changement des habitudes de consommation 

Depuis quelques années, on assiste également à une perte de confiance des consommateurs vis à vis de l’élevage et à un changement des habitudes alimentaires entrainant une baisse de la consommation de viande et de produits laitiers.

L’artificialisation des sols et la transition énergétique 

Entre 1990 et 2018, près de la moitié des surfaces qui ont été artificialisées étaient des prairies. A cela, il faut ajouter le développement des énergies renouvelables, avec notamment l’installation de panneaux solaires sur des surfaces pastorales.

L’activité d’élevage à l’herbe est indispensable au maintien des prairies dans les paysages français. Sans les éleveurs et leurs troupeaux, les milieux ouverts herbacés vont se refermer et nous allons perdre tous les services qu’ils rendent à la société.

Des pratiques agricoles qui évoluent…

  • L’intensification de l’agriculture
    Depuis les années 1960, l’agriculture s’est intensifiée progressivement pour répondre aux attentes de la société. Certaines prairies naturelles se sont vues remplacées par des cultures intensives et les parcelles jugées trop contraignantes ont été abandonnées. De plus, les pratiques agricoles d’intensification de la production d’herbe (fertilisation, chaulage de sols acides, drainage de sols humides, usage d’herbicides, etc.) entraînent une homogénéisation des prairies. En raison de ses conditions pédoclimatiques, cette intensification s’est faite moins rapidement dans le Massif central mais continue cependant de progresser d’année en année.
  • Les effets des politiques publiques
    La Politique Agricole Commune (PAC) favorise le recours aux prairies temporaires et à l’homogénéisation des surfaces. Les dispositifs de la PAC d’éco-conditionnalité et de verdissement ont freiné la régression des prairies permanentes et des prairies naturelles. Aujourd’hui, le maintien de ces milieux prairiaux dépend beaucoup des aides financières et n’est donc pas pérenne sur le long terme.

L’impact du changement climatique…

Les effets du dérèglement climatique ont un effet direct sur la perte de diversité des prairies naturelles qui tend à s’accélérer au fil des années. Les périodes de sécheresses répétées, les gelées tardives, la diminution du nombre de jours de gel affectent considérablement les prairies naturelles. Ils obligent les éleveurs a adopter de nouvelles stratégies qui ont un impact sur l’abandon des parcelles, le surpâturage, l’accroissement de la fertilisation ou la conversion des prairies permanentes en prairies temporaires.

Pour préserver et valoriser les pâturages du Massif central l’IPAMAC et ses partenaires ont mis en place : « le réseau Milieux Ouverts Herbacés ».