Aux sources du bien-vivre
Aux sources du bien-vivre
Le pastoralisme, outil de sauvegarde de la myrtille sauvage
Chaque année au 15 août la myrtille sauvage est à l’honneur dans le Livradois Forez. Fruit emblématique, important pour le patrimoine culturel de nombreux territoires du Massif central et très prisée par les consommateurs, on la trouve également sur le plateau de Millevaches, dans la Loire, l’Ardèche, la Margeride ou encore l’Aubrac … Néanmoins, elle est aujourd’hui en déclin. Les Parcs naturels régionaux et les agriculteurs se mobilisent pour la préserver.
Petite histoire de la Myrtille
Ses conditions préférées
Il faut d’abord savoir que la myrtille a besoin d’un sol acide, léger et frais et d’une luminosité suffisante. De 800 à 1000 m d’altitude on la trouve essentiellement en sous bois puis davantage dans les milieux découverts entre 1000m et 1400m.
Une activité complémentaire pour les agriculteurs
Au départ la myrtille sauvage n’avait pas autant de succès, ce n’est qu’à partir des années 1960 que la cueillette de ce fruit est considérée comme rentable. Depuis, ces petites baies constituent une activité complémentaire non négligeable pour certains agriculteurs.
Une baie victime de son succès
Suivant les territoires et les réglementations, la cueillette de la myrtille est répartie entre mi-juillet et mi septembre. Avec ce succès apparaissent le « piratage » et de nombreux conflits d’usages entre propriétaires, habitants, touristes, agriculteurs et collecteurs. Différentes mesures sont alors prises par les préfets et les mairies, des associations de cueilleurs se créent et les collecteurs s’accordent sur la date de début des achats.
« Dans ce contexte, la meilleure façon de protéger la myrtille sauvage est de la valoriser et de la promouvoir ! D’où l’importance d’événements tels que la fête de la myrtille dans le Forez. C’est aussi l’occasion de sensibiliser les consommateurs »
Nathanaël producteur de petits fruits et cueilleur de myrtille sauvage.
Les myrtilleraies en régression, une ressource à protéger
Malgré tout cet engouement, la myrtille est en déclin depuis les années 2000. Le changement climatique (sécheresse, gelées tardives, grêle…) rend la production plus aléatoire, moins d’agriculteurs s’investissent dans cette activité. Cela s’explique aussi par la diminution du nombre d’éleveurs et le pâturage de moins en moins pratiqué. Cela favorise le développement de la callune et des genêts. Petit à petit les milieux délaissés se referment et la myrtille disparaît, étouffée par la végétation. Il arrive aussi qu’à l’inverse, ce soit le surpâturage qui provoque sa disparition dans certains cas. Enfin, les plantations de résineux réduisent de façon conséquente la surface de landes à myrtille.
Des expériences pastorales pour favoriser la Myrtille
Pour essayer de maintenir les landes existantes et en rouvrir de nouvelles, des expérimentations sont menées avec plusieurs agriculteurs, notamment par le PNR de Millevaches et le CIVAM Limousin. Différents itinéraires sont testés et font l’objet de suivis réguliers. On pratique le broyage de la lande, cela permet aux myrtilles de repartir dans les 4 ans qui suivent. L’une de ses particularités est de se multiplier par rhizomes, le broyage facilite donc son expansion. Ensuite le pâturage sur ces mêmes parcelles (après la floraison, au printemps) limite la présence des herbacées et laisse le champ libre à la plante. Sur certaines parcelles le brûlis (selon un protocole très précis) est également testé, on constate qu’après le feu c’est la myrtille qui revient en premier. Après trois ans d’analyses on constate que le brûlis et le broyage ont des effets assez similaires. Les résultats sont très encourageants ! Avec ces deux méthodes, on constate déjà une reconquête de la lande par la myrtille avec l’augmentation son emprise sur les parcelles.
« La myrtille est une plante qui aime le chaos elle est très dépendante des actions de l’Homme ! »
Nathanaël producteur de petits fruits et cueilleur de myrtille sauvage.
Ces expériences se sont basées sur la collecte de connaissances et de témoignages sur d’anciennes pratiques agricoles, elles sont remises au goût du jour et étudiées de près pour les rendre le plus efficace possible.
Un futur projet inter Parcs
Cette problématique étant présente sur plusieurs territoires du Massif central, un projet inter Parcs devrait voir le jour. Il réunirait les Parcs naturels régionaux de Millevaches en Limousin, des Monts d’Ardèche, du Pilat et Livradois Forez. Ceci permettrait un échange des pratiques et connaissances acquises sur ces territoires et de coordonner les actions menées à l’échelle du Massif central.
Une vidéo en cours de production
Ne ratez pas la sortie de notre vidéo sur ce thème, bientôt disponible sur notre site internet. Vous y retrouverez le témoignage de Nathanaël producteur de petits fruits et cueilleur de myrtilles dans le Forez, de Cédric éleveur Ovin et producteur de myrtilles sauvages sur le plateau de Millevaches et enfin d’Erwin chargé d’étude agriculture pour le Parc naturel régional de Millevaches. Suivez les aventures de notre équipe de tournage en consultant notre actualité du mois de Juillet et celle du mois de septembre.