Collectif Pâtur'en Pilat

La journée d’automne du collectif Pâtur’en Pilat

Le 25 septembre 2019, le collectif Pâtur’en Pilat s’est réuni à St Genest-Malifaux pour sa journée de formation-échanges automnale autour du thème des prairies humides, animée par SCOPELA. Les éleveurs ont également annoncé la création de leur association, Pâtur’en Pilat.

Une matinée studieuse pour le collectif Pâtur’en Pilat

La matinée s’est déroulée en salle, au sein du Lycée agricole de St Genest-Malifaux. Quelques questions ont lancé le sujet.

« Comment utiliser les prairies humides pour le pâturage, sur quelles périodes ? »

« Comment éviter le gaspillage, comment faire pour que tout soit mangé ?»

Pour répondre à ces questions il faut d’abord apprendre à reconnaître les différents types de prairies humides et leur tempérament. En fonction de leurs caractéristiques et des objectifs de l’exploitation, elles ne joueront pas le même rôle et ne seront pas gérées de la même manière.

L’idée est de repérer quel est le type de végétation dominante sur la prairie. Est ce que ce sont des espèces plutôt précoces ou plutôt tardives ? La parcelle est elle homogène ou bien en mosaïque? Quel est le saisonnement de la végétation ?…

Dans les prairies humides, des saisonnements bien différents des prairies sèches

En prairie Sèche

saisonement prairies sèches SCOPELA
Source : SCOPELA

Pour les prairies humides

saisonement prairies humides SCOPELA
Source : SCOPELA

En prairie humide et en altitude

saisonement prairies humides en altitude SCOPELA
Source : SCOPELA
H : Hiver – dP : début de printemps – pP : plein printemps – fP : fin de pritemps – E : été – A : automne

Dans une des prairies du lycée, le groupe a mis en pratique ces questionnements en repérant à la fois :

  • des plantes précoces à l’épiaison et productives : Dactyle, Pâturin des prés, Fétuque élevée, Trèfle violet…
  • des plantes plus tardives à l’épiaison et productives : Jonc diffus, Jonc acutiflore… Ces dernières sont déprimées lors des passages de printemps par un lot de vaches suitées. Les joncs relancent ainsi une croissance régulièrement consommée et donc maîtrisée par le troupeau.
Pâtur'en Pilat

Des leviers techniques pour mieux utiliser ses prairies humides

L’éducation du troupeau

L’idée est d’habituer les jeunes animaux à manger un maximum des différentes ressources présentes sur une parcelle et pas seulement ce qu’il y a de plus vert.

Le chargement instantané

Il s’agit de placer un nombre d’animaux suffisamment important sur un temps donné sur une parcelle, sans les « laisser traîner ». Le chargement stimule l’ingestion des animaux et limite le tri de la végétation. Une ration suffisante est ainsi obtenue tout en évitant le gaspillage.

Le déprimage et l’étêtage au printemps

Le déprimage permet de relancer la croissance de la plante et de décaler l’épiaison dans la saison. L’étetage stoppe la croissance hormonale de la plante et donc l’épiaison. L’éleveur peut « jouer » sur ces deux techniques au printemps pour préparer l’usage recherché, notamment s’il souhaite réserver sa ressource pour la saison estivale et apporter plus de souplesse à la parcelle.

Eviter la concurrence entre la distribution et le pâturage

La quantité d’aliment distribué en bâtiment ainsi que sa nature (plutôt azotée ou fibreux) a un effet complémentaire ou concurrentiel avec le pâturage. Assez logiquement les animaux seront plus motivés à pâturer si la ration en bâtiment n’est pas complète.

Qu’est ce que le report sur pied ?

C’est une technique qui permet de constituer un stock d’herbe et de ligneux sur pied. Cela permet de valoriser la ressource avec des décalages temporels importants, tout en apportant une ration adaptée aux besoins du troupeau. Cela permet aussi d’économiser une intervention mécanique et donc une dépense énergétique. Cependant toutes les végétations ne sont pas adaptées à cette pratique il faut apprendre à caractériser le type de sa parcelle. Il peut également être nécessaire de pratiquer le déprimage et l’étêtage au printemps pour permettre cette utilisation décalée dans le temps. Travailler sur la capacité du troupeau à consommer les stocks en report ainsi que sur le chargement instantané offre une meilleure efficacité à cette technique. Certaines prairies humides se prêtent très bien au report sur pied.

Pour plus d’informations sur cette pratique consultez la fiche retours d’expériences du Parc naturel régional du Pilat.

Un après-midi sur un cas concret

La journée s’est poursuivie sur les prairies humides du GAEC de la Semène en élevage bovin lait sur la commune de St Genest-Malifaux. Ce fut le moment pour tout le monde de réviser ses bases en botanique ! Guidé par l’animateur de SCOPELA, le collectif et l’éleveur ont échangé et réfléchi sur l’essai de nouvelles pratiques sur cet îlot de 4 ha et ainsi augmenter le nombre de jours pâturés par son lot de génisses. M. Basty prévoit donc un chargement instantané plus fort lors des prochaines utilisations de ses prairies humides en refendant ses parcs actuels. En pratiquant un déprimage des plantes présentes avec une rotation régulière entre les sous-parcs, il prévoit de booster la croissance tout en respectant un temps de mise en réserve entre deux passages. La ressource sera ainsi consommée de façon plus uniforme sans être fatiguée sur le long terme. La croissance des génisses sera également évaluée avec cette pratique. Elle est considérée comme bonne pour l’instant par l’éleveur. Un nouvel essai qui pourra être suivi par le collectif Pâtur’en Pilat.

Le collectif Pâtur’en Pilat crée son association

Pâtur'en Pilat

Pour pérenniser et faire progresser la dynamique collective autour du pâturage dans le Pilat et ses alentours, le collectif crée sa propre association. Soutenue par le Parc naturel régional du Pilat elle va porter la mise en place d’un Plan Pastoral Territorial (PPT) qui permettra des installations à vocation pastorale (clôtures, points d’eau…), ainsi que l’animation et l’accompagnement technique des éleveurs. Pour le collectif il s’agit aussi d’améliorer les échanges avec les collectivités et les propriétaires fonciers.

Dans le collectif Pâtur’en Pilat tout le monde est le bienvenu !

Soucieux de partager leur réflexion et retours d’expériences avec le plus grand nombre, les éleveurs du collectif tiennent à rester ouverts. Tous les agriculteurs sont les bienvenus dans l’association ainsi qu’aux journées d’échanges et de formation. Bien conscient que tous n’ont pas accès à cette dynamique et à ces formations sur leur territoire, le collectif reste également ouvert aux éleveurs des régions voisines.

Pour les contacter ou adhérer à l’association : Aurélien Roux, président de l’association paturenpilat@gmail.com

Pour en savoir plus sur l’association et le projet du Parc naturel régional du Pilat, n’hésitez pas à consulter la fiche projet. Partez également à la rencontre de Félix et Benoît dans les estives du Pilat.