Aux sources du bien-vivre
Aux sources du bien-vivre
Les troupeaux en estive dans le Pilat
C’est la belle saison ! les troupeaux sont en estive ! Laissez vous guider à la rencontre de Benoît et Félix. Deux éleveurs qui font pâturer leurs animaux sur le Crêt de Chaussitre, dans le Parc du Pilat.
Quelques mots sur l’estive en général
L’estive, c’est la période où les troupeaux paissent sur des pâturages de montagne. Généralement les animaux montent en estive vers le milieu ou la fin du printemps et redescendent au début de l’automne. Dans certaines régions, le moment de la montée en estive, la transhumance, fait l’objet de festivités. Cette pratique de pâturage permet aux éleveurs de gagner en autonomie fourragère et d’optimiser leurs ressources. Elle joue également un rôle d’entretien des paysages ouverts et fait partie intégrante du patrimoine culturel d’un territoire.
Le site de Chaussitre
Culminant à 1240m d’altitude le crêt de Chaussitre est un site remarquable du Parc naturel régional du Pilat. Il est classé Natura 2000 et réserve Biologique. Étymologiquement Chaussitre désignerait une hauteur dénudée. C’est l’activité pastorale qui a façonné ce paysage au fil des siècles. Mais suite à l’exode rural, et à la déprise agricole le site est progressivement abandonné. On assiste à une fermeture du milieu et à une érosion de la biodiversité. C’est en 1992 que le Parc crée un comité de pilotage visant à maintenir et reconquérir ces espaces ouverts. Les éleveurs font partie intégrante du projet et le pâturage est utilisé comme un outil de gestion. Les troupeaux régulent la végétation et permettent la conservation de ce paysage et de cette biodiversité pour le plus grand plaisir des randonneurs. Cela permet également aux éleveurs d’intégrer de nouveaux espaces de pâturages dans leur système et de bénéficier d’un accompagnement dans leurs pratiques.
Le regard de Benoît et Félix sur cette pratique pastorale
Benoît a des brebis. Il a repris la ferme familiale en 2007. Félix, lui est installé depuis janvier 2019 avec un troupeau de vaches Aubracs. Ils sont tous deux dans un système de production allaitant et mettent leurs animaux en estive sur le site de Chaussitre à la belle saison. Pour cela ils sont accompagnés par le Parc et suivent un plan de gestion pastoral.
« Nous ne vivons pas ce plan de gestion comme une contrainte mais plutôt comme un réel accompagnement et une plus-value pour notre système prairial »
Benoît & Félix
La question de l’eau pour les éleveurs :
L’estive, soulève de nombreux questionnements, comme l’entretien et la création de nouvelles clôtures pour optimiser les espaces de pâturages et l’accès à l’eau pour les animaux. La plupart des points d’eau sont présents naturellement. Mais ils ne sont pas toujours répartis idéalement, ce qui complique le découpage des parcelles pour les éleveurs.
La création de nouvelles clôtures et de points d’eau représente un investissement et une charge de travail conséquents. Mais se sont des éléments indispensables à la santé, l’alimentation et la sécurité du troupeau. Les éleveurs sont inquiets face au réchauffement climatique et à la diminution de la ressource en eau chaque année. Le pâturage en montagne représente pour eux, une des solutions pour s’adapter à l’augmentation des températures et à la diminution de la végétation en période de forte chaleur.
L’estive pour Benoît :
Quand vous arrivez dans le parc où sont ses brebis vous ne voyez d’abord que des fougères, puis on remarque quelques feuilles bouger et on peut enfin les voir ! Au premier coup d’œil on se demande ce qu’elles peuvent bien trouver à manger au milieu de ces fougères immenses ! Mais ne vous y trompez pas en période de grandes chaleurs ce type de parcelles a son intérêt. En effet le feuillage des fougères protège l’herbe des rayons du soleil et garde un peu d’humidité quand partout ailleurs les prairies jaunissent.
« C’est indispensable pour moi d’avoir une diversité de prairies, elles me permettent d’être plus résilient aux problèmes climatiques »
Benoît
Avec un peu plus d’attention vous remarquez vite une intruse dans le troupeau, c’est Clémentine l’ânesse de Benoît ! Elle est là pour veiller au grain et protéger les brebis des prédateurs ou des chiens de passage. Son rôle est indispensable à la sécurité du troupeau en estive loin de la bergerie et de la maison.
Mais nous oublions encore un personnage essentiel dans tout ça : le chien de berger ! C’est un Border Collie. Il connaît sa droite de sa gauche et dirige le troupeau en suivant la voix de son maître. C’est une aide essentielle pour l’éleveur qui travaille seul sur la ferme.
L’estive pour Félix :
Cette fois-ci pour trouver le troupeau c’est une autre histoire, il faut marcher un peu ! C’est un savant mélange entre la chance et la bonne connaissance du terrain et de ses animaux. Pas de soucis pour ça, Félix connaît bien ses vaches ! Elles le laissent volontiers circuler au milieu du troupeau, certaines viennent même se faire gratter. Les Aubrac sont sélectionnées pour leur rusticité et leur fort instinct maternel elles n’ont donc pourtant pas la réputation d’être aussi dociles. Mais pour Félix, le lien avec ses animaux c’est un travail de tous les jours qui rend son métier plus passionnant encore.
« Créer un vrai lien avec mes animaux est indispensable. Cela passe par un travail d’approche quotidien mais également par la sélection des animaux au caractère le plus sociable au sein du troupeau »
Félix
Pour lui, l’estive est un moyen d’expérimenter. Cela lui permet de prendre du recul sur les plantes que consomment ses vaches, dans quel ordre et pendant combien de temps… C’est aussi une opportunité pour lui d’éduquer son troupeau à se satisfaire de l’alimentation disponible sur place, et d’en tirer les meilleurs apports énergétiques. Si on observe un peu on constate que les vaches s’éduquent entre elles pour faire évoluer leur alimentation. Lorsque l’une d’elles essaie un nouveau type de végétation le reste du troupeau se met à l’imiter et à prendre de nouvelles habitudes.
Le Collectif d’éleveurs Pâtur’en Pilat :
Tous ces questionnements et bien d’autres encore font partie des réflexions menées au sein du collectif d’éleveurs, Pâtur’en Pilat, dont Benoit et Félix font partie. Ce collectif leur permet de mieux comprendre le fonctionnement des végétations et des animaux et ainsi mieux valoriser leurs parcelles et gagner en autonomie. Pour en savoir plus consultez la page projet du parc.